Le mouchage
Une éducation au cœur de nos cabinets (1)
Le mouchage concerne tous nos patients de 0 à …111 ans. C’est si simple !
Mais est-ce bien réalisé ?
En observant dans nos cabinets les enfants notamment, mais également les adultes en période d’encombrement ORL nous constatons que bien peu savent se moucher. Et là, le kinésithérapeute a un rôle important à jouer dans le dépistage et la prévention ORL. Un nez encombré, mal mouché, mal nettoyé va être la source de multiples infections ORL (sinusites, otites, infections des voies aéro-digestives supérieures, allergies, rhinites…). Or personne n’apprend l’hygiène du nez et du naso-pharynx (cavum) ; c’est pourtant si simple :
- se moucher (dans un mouchoir papier, cela va sans dire !), narine par narine sans forcer. Permet de vider les cavités nasales, et elles seulement !
- le lavage à haut volume : lavage quotidien en phase d’entretien, au sérum physiologique (en le faisant passer d’une narine vers l’autre), ou avec des aides techniques (rhino-horn ; respimer) en phase d’encombrement ou période « à risque » (printemps-automne-hiver). Des études ont montré qu’il est beaucoup plus efficace de laver avec un volume d’eau important.
- le mouchage rétrograde : faire vibrer le cavum (ou naso-pharynx) permet d’éliminer les sécrétions accumulées à ce niveau.
- nouveau mouchage pour éviter à l’eau de stagner.
On doit se laver le nez comme on se lave les dents !
On doit apprendre aux parents à apprendre à leurs enfants à se moucher. Il faut pour cela vérifier que les parents connaissent la technique ! L’enfant doit savoir se moucher très rapidement, aux environs de 2 ans. Il est important de « démystifier » : aux « ahhh, beurk, c’est dégoutant », répondons donc : « les sécrétions ne sont-elles pas mieux dans le mouchoir que dans les environs de la bouche ? »
Une éducation au cœur de nos cabinets (2)
Pourquoi se moucher ? Pourquoi se laver le nez ?
Tout est histoire de tuyauterie, et si les tuyaux (cavités nasales et nasopharynx) sont obstrués, on respire bien entendu par la bouche ; même s’ils ne sont que partiellement obstrués, car l’effort à fournir pour que l’air passe à travers une lumière réduite sera supérieur à celui fourni lors d’une respiration buccale. Or selon la règle du moindre effort pour une dépense d’énergie la plus faible possible, le cerveau choisira la facilité…et la respiration sera donc buccale !
L’enfant ventilateur buccal peut développer un SAHOS (Syndrome d’Apnées Hypopnées Obstructive du Sommeil), la langue étant en position basse dans la bouche pour laisser passer l’air, la base de langue (l’arrière) en s’étalant et en se postériorisant va diminuer le diamètre des voies aériennes supérieures jusqu’au collapsus provoquant l’apnée.
L’enfant ventilateur buccal va diminuer la croissance transversale physiologique de son maxillaire (mâchoire supérieure) par 2 facteurs : la langue n’exercera pas la pression nécessaire sur le maxillaire pour son développement et le flux d’air nasal permettant également ce développement sera inexistant. Il s’en suivra des dysmorphoses dentaires (déformation des arcades dentaires) qui nécessiteront un traitement d’orthodontie, voir de chirurgie orthognatique.
Les voies nasales et le nasopharynx obstrués par des mucosités stagnantes vont être source d’infection ORL comme les rhinopharyngites, les pharyngites et autres laryngites, facteur de risque de bronchites.
Les voies nasales et le nasopharynx obstrués par des mucosités stagnantes vont également empêcher un bon rééquilibrage des pressions par l’intermédiaire de la trompe auditive, entre l’oreille moyenne et le milieu environnant, provoquant inflammation et pression négative.
C’est l’otite séromuqueuse qui n’a d’autre symptôme que l’hypoacousie et qui évolue vers l’otite moyenne aiguë pour laquelle l’ORL pourra poser un diabolo en perçant le tympan.
Le nez est un filtre qui retient la plupart des allergènes et des poussières. Si ce filtre ne sert pas, les allergènes sont directement en 1ère ligne. Mais si la respiration est naso-nasale stricte, il faudra alors nettoyer le filtre. On éliminera ainsi de nombreux allergènes diminuant le risque d’allergies.
Le nez est un climatiseur réversible : l’air inhalé arrive ainsi à température idéale et constante au niveau des alvéoles pulmonaires optimisant les échanges gazeux.
L’air en passant par le nez va participer à la thermorégulation de notre cerveau favorisant ainsi par exemple l’endormissement.
On doit se laver le nez comme on se lave les dents !
Lionel LAFOND