
Kinésithérapie et acouphènes
L’acouphène est défini comme la perception d’un son sans source sonore environnementale. Il existe tout un pan dans la classification des acouphènes où le kinésithérapeute à spécificité oro-maxillo-facial obtient des résultats quant à son amélioration voire la disparition de ses symptômes : c’est l’acouphène dit somato-sensoriel. Cet acouphène peut survenir au cours d’une Dysfonction Temporo Mandibulaires (DTM). La dysfonction temporo-mandibulaire (bruits articulaires de l’ATM et/ou douleurs et/ou blocage mandibulaire à l’ouverture ou à la fermeture de bouche…) touche en France 9 personnes sur 10 au moins une fois dans leur vie. 50 % de ces DTM nécessiteraient un traitement dans lequel le kinésithérapeute est un acteur indispensable à la guérison. Seulement 3 à 10 % des cas sont traités. Certaines de ces DTM ont pour symptôme un acouphène « somato-sensoriel » le plus souvent unilatéral.
Le lien entre les DTM et ces acouphènes, même s’il n’a pas encore été validé scientifiquement, n’est plus à faire pour les professionnels. La littérature nous précise que le traitement fonctionnel des DTM diminue les acouphènes, et que les DTM sont un facteur de risque pour le développement des acouphènes. Même si certains auteurs pensent que la transmission des pressions ne peut pas se faire entre le disque articulaire de l’ATM et les osselets de l’oreille moyenne, le lien anatomique existe bien par le biais du ligament de Pinto qui relie ce disque aux osselets de l’oreille moyenne en empruntant la fissure tympano-squameuse de l’os temporal. Il est intéressant de noter une origine embryologique commune du disque articulaire, de l’enclume et du marteau (cartilage de Merckel) et que l’innervation motrice des muscles du marteau (action : tenseur du tympan) et des muscles masticateurs est également la même, à savoir le nerf trijumeau (branche V3). Or, nous retrouvons quasi systématiquement des contractures musculaires au sein des muscles masticateurs chez les patients présentant une DTM.
Des réseaux de soins pluri-disciplinaires en acouphènologie se mettent en place dans l’hexagone avec l’ORL comme coordonnateur et au moins un audio-prothésiste et un psychologue. Autour de ce « noyau dur » peuvent graviter d’autres professionnels comme les stomatologues, et les kinésithérapeutes. Il est primordial de monter dans le train avant que d’autres professionnels traitant la fonction n’y montent avant nous !
Lionel LAFOND